Le billet de JPROCK:
Le Vieux Crocodile est de retour et vous souhaite une super soirée.
Voici ce qu'on peut lire sur le folder distribué au public avant le concert de ce soir.
Un concert énorme, historique, une ambiance de folie, les murs du Cirque Royal en tremblent encore...
De mémoire de professionnel, Michel qui s'occupe du personnel, de l'organisation du bar et du contrôle des tickets de la salle de la rue de l'Enseignement ne se rappelle pas avoir vécu quelque chose de semblable depuis qu'il hante les murs de cette salle de spectacle.
Car ce qui s'est passé ce soir dans la salle bruxelloise est exceptionnel !
Récit d'un concert de folie.
Lorsque les portes de la salle s'ouvrent sur le coup de 19h30 c'est une foule bigarée qui patientait depuis longtemps déjà derrière les barrières nadar qui s'engoufre comme un seul homme dans le hall avant de rejoindre les gradins.
Au hasard on croise deux Jules César en habit d'époque, quelques sergents Flagada, des supporters des diables rouges coiffés de chapeaux colorés et arborant des drapeaux nationaux, l'un ou l'autre cowboy Joe et un groupe de joyeux lurons coiffés de sombreros. Le ton est donné, ça va etre la fête, et déjà à ce moment les chants de la foule commencent à résonner dans les travées du Cirque.
On s'attend à une belle ambiance et ce qui nous attend va dépasser toutes nos espérances.
Après un petit speech d'un représentant de sa maison de disque qui sous les vivas de la foule a bien du mal à se faire entendre une voix annonce:
" Mesdames et Messieurs, le Grand Jojo ! "
Une clameur énorme se dégage de la foule, les drapeaux s'agitent, le Cirque se lève comme un seul homme et lorsque la vedette et ses onze musiciens font leur apparition sur scène en interprétant le thème de "Peter Gun" c'est une véritable folie qui s'empare de la foule et qui ne la quittera plus pendant près de deux heures.
A 76 ans, Jules Vanobbergen n'aurait certainement jamais rêvé d'un tel accueil, lui qui quelques instants plus tôt avant de monter sur scène se demandait humblement : " mais qu'est ce que je fous ici moi !? "
On stage, le band est lancé et c'est à un véritable best of de hits qui on fait danser trois générations que l'on va assister en compagnie d'un public réellement déchainé, parmi lequel on peut reconnaitre moulte personnalités du showbiz, de la télé ou des médias.
Ce soir le Cirque is the place to be !
Avec ses titres teintés d'autodérision, d'humour et de bonne humeur, le Grand Jojo est devenu au fil du temps une icône incontournable du paysage musical en Belgique. Admiré de tous, respecté par la scène rock autant que par le monde de la chanson française populaire toutes classes sociales confondues, l'homme est devenu le symbole d'une Belgique traditionnelle unique et unie.
Et le concert de ce soir va mème se transformer en évènement politique fédérateur; nous en reparlerons...
Les tubes s'enchainent, tous plus festifs les uns que les autres: "Jules César" salué par un Jules plus vrai que nature accoudé au balcon et saluant la foule, "Angelina", "Clémentine", "Le French Cancan", "La petite bête à bon dieu" qui déclenche une farandole géante du balcon à la fosse, "Gina Stromboli", hommage à une chanteuse de la Scala de Milano et "Vive les saints !".
Le Cirque surchauffe et les gradins tremblent sous l'enthousiasme de la foule.
Sur scène Jojo , ses 9 musiciens et ses 2 choristes-danseuses, entament un french cancan endiablé qui devient très vite contagieux !
Visiblement ému et étonné par cet accueil difficilement descriptible l'homme reste parfois immobile, presque gèné par ces élans d'amour qui lui parviennent du public.
La foule scande :" il est vraiment, il est vraiment, il est vraiment phéééénoménal , la lalalla....! " Touchant.
Pas de repos entre les titres quand Jojo ne chante pas c'est le public qui s'en charge.
Vêtu d'un costume classieux, pantalon noir et veste immaculée, il se coiffe d'un stetson acheté lors d'un voyage aux States et entame "Le cowboy" suivi de "Cowboy Joe" et d'une version délirante de "Jambalaya" dont les arrangements hilarants feraient se plier en quatre The Carpenters.
Quelques instants plus tard, un mec déguisé en sergent Flagada rejoint son idôle sur scène pour une savante chorégraphie improvisée avant que celui ci n'entame "le Petit Train".
L'ambiance monte encore d'un cran ( eh oui c'est possible !) avec "On a soif" chanté en choeur et gobelet à la main par la foule déchainée.
"Ookie Pookie", "Anita"(joué en mode ska !), "El Sombrero", " Victor le footbaliste ", tous ces titres qui ont accompagné nos vies ramènent des sourire sur les visages.
En ces temps de crise, de pessimisme et de déprime le Grand Jojo devrait etre remboursé par la mutuelle !
L'artiste présente ensuite ses musiciens puis nous invite à venir "boire un p'tit coup à la maison" avant de nous jouer un "Ooba Boogie" énergique et rock n roll.
Il est 22h00 et le public survolté qui demande un rappel dépasse de loin la limite de décibels autorisés dans une salle de concert.
Le grand Jojo revient pour un final historique qui démarre avec l'inévitable "Tango du Congo" chanté par 2000 gorges avant qu'il ne nous emmène voir "La mer du Nord".
Puis il prend la parole et s'adresse au public:
"Un de mes plus beaux souvenirs avec se soir, c'est lorsque j'étais au balcon de l'hôtel de ville avec les diables en 1986 au retour de Mexico.Vous vous souvenez de celle ci ?"
"Eviva Mexico ! Enlevez les sombreros, les p'tits belges, les p'tits belges sont à Mexico ! Olé, olé, olé, oléééé, we are the champions !"
Deux mille âmes chantent à gorge déployée tandis que les gradins tremblent sous les sauts répétés de la foule. Les drapeaux belges flottent fièrement, les sourires arborés sur les visages sont magnifiques à voir et les "Tous ensembles, tous ensembles" scandés par la foule pendant de longues minutes font chaud au coeur.
"Jim la jungle achevera" de porter au paroxysme cette fiesta à la belge que tant de peuples peuvent nous envier.
La foule le rappelle une seconde fois, et le Grand Jojo revient sur scène pour un "On a soif" bis en guise d'au revoir définitif.
Les lumières se rallument et la foule continue à chanter tout en quittant un Cirque Royal qui vient de vivre un de ses grands soirs.
Trente minute après la fin du show, des spectateurs chantaient toujours dans le hall ,agenouillés sur un drapeau belge qu'ils embrassaient chacun à leur tour. Du jamais vu !
Dans une Belgique en proie aux extrémismes et séparatismes de tout bord, Le Grand Jojo fait office de fédérateur, de rassembleur de tous ceux pour qui la joie d'etre ensemble,flamands, wallons et bruxellois réunis veut encore dire quelque chose.
Ce soir, qu'on le veuille ou non, la fête fut humaine, magnifique et politique malgré elle.
Merci Jules pour cette soirée formidable et pour tout ce que tu apportes comme belgitude à notre petit pays qui en a tant besoin.
Pour celà tu mérites bien d'avoir été nommé en 1998 Chevalier de l'ordre de Leopold et ce soir le public t'a attribué sans doute la plus belle récompense qu'un artiste peut espérer : la reconnaissance artistique et affective.
Chapeau bas l'artiste !
Texte et photos: JPROCK.
/fdata%2F6115317%2Favatar-blog-1324995712-tmpphp0DRGDM.jpeg){kind=avatar}